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L’Arche de Noa d’Ange

Parution en novembre 2008

couv-arche-noa1À partir de dix ans

Noa est une fillette de onze ans pleine de qualités.

Jolie, intelligente, studieuse et serviable, elle s’occupe de ses frères et sœurs, avant et après l’école, pendant que ses parents travaillent.

Elle mène une petite vie remplie et joyeuse, car tout ce petit monde est de bonne humeur. Et voilà un tableau idéal bien campé… Idéal ? Oh, que non !

Des « choses » se passent, derrière les portes de placard, les grilles de soupirail, dans les cagibis, sous les seaux et les serpillières…

Certains habitants de Ménilmontant, s’ils osaient sortir de leur mutisme, le confirmeraient. En tout cas, ceux qui possèdent « la Vision » le savent : différentes espèces vivent, ou survivent, piochant dans nos poubelles des restes de sandwichs ou de boissons gazeuses. Lutins, fées, louves, vers géants, magiciens, chasseurs, ils sont nombreux à marcher, voler, ramper, s’activer dans Paris. Certains sont inoffensifs, d’autres pas.

Et le problème de Noa, au lendemain de son anniversaire, c’est qu’elle les voit.

Sans compter que sa petite sœur de trois ans, Hajer, a réveillé, sans le vouloir, le pire de ce qui existe dans ce monde clandestin : le Mal Absolu !

Noa et ses amis vont devoir utiliser le peu d’armes qu’ils possèdent. Avec vivacité et humour, ils feront face courageusement au déchaînement des forces en présence. L’amitié qui les unit leur donnera peut-être l’avantage…

Sous la légèreté apparente, l’Arche de Noa est un roman initiatique. Les personnages apprendront à mieux se connaître, à mieux se comprendre les uns les autres. Ils essaieront aussi de ne plus comprimer leurs émotions, ce qui n’est pas chose facile, entre pudeur, peur et manque de confiance en soi. La violence cachée, enfouie dans l’inconscient de chacun, apparaîtra en filigrane dans le scénario. Ces pulsions destructrices devront être acceptées et exprimées, avant d’être surpassées.

Le mélange entre réalisme et fantasy, dans l’Arche de Noa, est un réel plaisir. Le style est vif et enlevé. Il prend directement le lecteur à partie, en lui indiquant qu’il n’est pas temps encore de mentionner tel ou tel détail, ou en insistant sur l’importance d’un lieu, d’un fait qui se révèlera essentiel plus avant dans l’histoire.

Un clin d’œil amical est derrière cette écriture, on peut même dire un clin d’œil protecteur. Car l’auteur n’hésite pas à être réconfortant, rassurant son lecteur au passage avec des messages clairs : nul n’est obligé d’être parfait, décevoir quelqu’un n’est pas la fin du monde, et un enfant n’est jamais responsable des disputes qui peuvent éclater entre ses deux parents.

À propos d’auteur, celui-là n’en est pas un. Ils sont deux à la tâche, derrière le pseudonyme d’Ange : Anne et Gérard Guéro ont déjà publié près de quarante-trois albums de Bande Dessinée. Après des titres comme L’Oeil des Dieux et À mille milles de toute terre habitée, l’Arche de Noa est leur douzième roman.

Un seul bémol à apporter à ce livre : un moment de flottement dans le labyrinthe de la toute dernière partie. Nous sommes désorientés, nous aussi, par la complexité des changements de décors. Mais la trame est assez solide pour qu’on puisse passer outre et sortir de ce dédale, soulagés autant que le sont les personnages.

Le monde mis en place est riche en interactions et les personnages plutôt attachants. On espère donc une suite à ce livre, pour que Noa, Gabriel, Clément et Benjamin soient confrontés à d’autres missions. Et nous avec !

L’Arche de Noa d’Ange

Aux éditions Intervista, collection Cinémascope


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