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« Le jour se lève sur le village de Kabah, dans la région du Yucatán, au sud-est du Mexique. »
C’est le village d’Ixchel, et elle a neuf ans aujourd’hui.
« Ixchel attendait cette date avec impatience car, à partir de ce jour, elle serait considérée comme une jeune fille. Ixchel peut désormais allumer toute seule le comal et préparer les panuchos pour le déjeuner. »
Si vous ne savez pas à quoi ressemble un comal, pas de panique : à la fin de l’album un lexique le montrera et expliquera très simplement son usage, comme il donnera la composition des panuchos (petites galettes de maïs frites agrémentées de haricots noirs, feuilles de laitue, poulet, tomates, oignons, sel, orange amère, avocat et piment, miam).
Ixchel enfant de la lune fait partie de la collection Terre de mômes qui présente des pans de la vie quotidienne d’enfants du Burkina Faso, du Cambodge, de Madagascar, etc.
De manière très directe et parfaitement compréhensible, on comprendra ce qui motive la joie d’Ixchel le jour de ses neuf ans : sa rentrée des classes. Elle quitte son village, les plantations d’henequén, car même si savoir cuisiner et tisser l’hennequén est important,
« pour réussir plus tard, il faut que tu apprennes davantage » assure la mère d’Ixchel.
On comprendra qu’elle doit se rendre à la ville (une manière implicite de se faire une idée du mode de vie rural d’un petit village maya au Mexique). Sans didactisme ennuyeux, le texte d’Elsa Hugues, avec sa précision, éclaire le petit lecteur européen et met en place des notions de société et de géographie importantes.
Les illustrations de Gwenaëlle Thoumine vont dans le même esprit de simplicité, avec une très jolie touche de naïveté colorée.
Au delà du mode de vie particulier et du vocabulaire spécifique, le thème du racisme est abordé très sainement. Ixchel y sera confrontée mais saura rassurer sa nouvelle amie mexicaine :
« nous ne faisons plus de sacrifices humains depuis plusieurs siècles »…
(ouf !)
Elles travailleront toutes les deux en classe à un exposé sur les éclipses. Les connaissances d’Ixchel leur seront bien utiles : il faut dire qu’elle porte le prénom d’une divinité maya associée à la lune et que ses ancêtres étaient d’excellents astronomes.
C’est une belle histoire, nourrie de savoirs variés, enrichissante, qui ouvre l’esprit et pointe du doigt un racisme dont nous n’avions pas idée. Une histoire qui nous sort de notre ethnocentrisme (quand je dis nous, c’est nous, grands et petits, à partir de 6 ans en plus, ce qui n’est pas si habituel. On serait d’ailleurs bien inspiré d’aller feuilleter les autres parutions de cette collection Terre de mômes).
Voilà une escapade à faire, à environ 9200 kilomètres d’ici, pleine de couleurs, de mots nouveaux, pour les petits citoyens du monde…
Ixchel enfant de la lune
d’Elsa Hugues et Gwenaële Thoumine
aux éditions Siloë Jeunesse (6-11 ans)