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Comme il faut de Susie Morgenstern et Jacqueline Duhême

Catégorie Littérature Jeunesse -Album-

Parution en octobre 2008

À partir de trois ans

couv_comme_il_faut2Que veut comme cadeau la petite Emma pour ses trois ans ?

Un poupon, un poupon-garçon. Grand-maman va faire tout son possible pour satisfaire sa petite-fille. Et ça ne va pas être chose facile, car des poupons Comme il faut ne se trouvent pas à tous les coins de rue.

Voilà la rencontre, dans cet album, de deux grandes dames de la littérature jeunesse. L’idée serait née d’une anecdote, la recherche effective par Susie Morgenstern d’un poupon pour sa petite-fille, une histoire dessinée par Jacqueline Duhême dans ces pages.

Comme il faut, paru aux éditions du Rouergue, a donc bénéficié des soins attentifs de ces deux bonnes fées.

D’abord la langue employée n’est simple qu‘en apparence. Sa structure détonne, dès la première phrase. Pas question ici de bêtifier en enchaînant des mots attendus ou des expressions prévisibles. Le rythme de Susie Morgenstern va surprendre les jeunes oreilles et, implicitement, leur apporter un niveau de langage particulier, décalé, et légèrement moqueur.

Le sens, ensuite, n’est pas gratuit, car cette quête du poupon-garçon Comme il faut est emblématique : doit-on se satisfaire de l’offre commerciale accessible ? Grand-maman répond non, elle ne sera pas une simple cliente passive, pas de pis-aller, pas de résignation. Un peu de courage et d’exigence, et si l’objet souhaité est introuvable, il faut « mettre les mains » et se le fabriquer soi-même. La société de consommation, qui voudrait qu’on se contente de ses stéréotypes de princes, de soldats et autres Action Man, ne vaincra pas. Grand-mère Susie ne sera pas détournée de son objectif : si Emma veut un poupon-garçon, donc équipé de l’organe indispensable, il faut la contenter. Après tout, un garçon se reconnait d’abord à ça…

portrait_emma1Enfin, les illustrations, en noir et blanc, jouent sur la sobriété poétique. Les linogravures de Jacqueline Duhême (« l’imagière des poètes ») tiennent du jeu d’ombre, et se cernent de liserés rouges, à la manière d’un patron de couturière. Suivre le fil est tentant pour les petits doigts, d’autant que c’est également fort dans la symbolique : suivre le fil, cheminer, avancer, comprendre… Les portraits sont concis, simples traits blancs sur fond noir, et en rappellent d’autres – hommages sans doute à Matisse, chez qui l’illustratrice a été aide d’atelier lorsqu’elle avait vingt ans.

Emma va-t-elle apprécier l’ouvrage et les efforts de sa grand-mère ?

La fin ne nous livre pas de conclusion. Un oubli ? Sûrement pas : une occasion rêvée de discuter du livre que nous venons de lire avec le petit auditeur concerné. Imaginer la suite, donner ses impressions, parler de ses propres expériences, voilà la meilleure des fins possibles.

Un album bien fait, et fait intelligemment, Comme il faut, donc !

Comme il faut de Susie Morgenstern et Jacqueline Duhême

Aux éditions du Rouergue jeunesse

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